Durant mes dernières années d’études de médecine, j’ai eu la chance de passer 8 mois à la Maison médicale Pierre Favre à Wassadou, un village situé à environ 65 km après Tambacounda, sur la route nationale 7 allant à Kédougou.
Voici la chronique d’une semaine type dans une structure médicale rurale, jour par jour….
Samedi
6h30 jour de sortie dans la brousse
C’est un plaisir ! On quitte à 7h pour revenir vers 20 ou 23h, fatigué, lessivé mais…. heureux !!
Nous allons dans les villages très difficile d’accès dans la zone Nord du Parc du Niokolo Koba (le record : Mayel Issa, 115 km, 5h de route, un marigot à traverser). Les souches, les ravins, les rivières et surtout, la boue sont garantis.
Une fois, nous étions allés au village de Binguel et juste au moment où nous avons atteint la rivière, il a commencé à pleuvoir!!
C’était une vraie patinoire !
Il a fallu 30 mn pour gagner l’autre rive, sous la pluie et dans la boue la plus épaisse et la plus indécrottable !
Heureusement, les conseils avisés du Père Xavier, le missionaire installé dans le village des Bediks, une ethnie du sud- Est du pays, nous ont sortis d’affaire. Et lors du retour….on a replongé dans la boue….avec joie !
D’ailleurs, depuis l’arrivés du tire-fort, des câbles, des impers, haches et de la pelle, la traversée des obstacles est plus aisée et nos limites sont repoussées.
On avait parfois l’impression de vivre une aventure genre Indiana Jones tellement c’était surréaliste!!
Plusieurs fois, les membres de l’équipe m’ont demandé si j’avais fait une formation militaire car ils ne pouvaient pas comprendre mon entêtement à passer de d’obstacles jugés infranchissables !
Il n’en était rien et quelques soient les difficultés rencontrées, un seul mot d’ordre : il faut y aller, on y va !
La satisfaction morale que l’on tire de ces sorties est la principale motivation du groupe.
Pas une fois nous ne sommes allés dans un village sans y trouver une situation sanitaire alarmante.
Ces villages sont parfois coupés du reste du pays pendant les mois de pluies ou simplement d’accès vraiment très difficile alors, les gastroentérites et le palu y font des ravages et notre arrivée y est toujours perçue comme providentielle.
Nous participons aussi au respect du PEV (Programme Elargi de vaccination) que nous assurons avec la collaboration d’infirmiers chef de poste de la zone.
De plus, sur la route, souvent on rencontre les femmes Peulh qui viennent de traire les vaches et du lait frais et du lait caillé nous sont toujours gracieusement offerts (on en raffole).
Une fois, un des chefs de village nous a offert un mouton au retour en l’attachant discrètement sur le pare-chocs du 4×4.
De retour à la Maison Médicale, Tata Cons la directrice a toujours la délicatesse de nous faire concocter un délicieux repas de fête. Eh oui, nous rentrons fatigués, fourbus, lessivés, sales mais on trouve toujours l’énergie de faire la bamboula (et de gérer 1 ou 2 urgences parfois, voire une évacuation).
Fous nous sommes ?
NON ! Heureux simplement ! D’autant plus que demain c’est…. Le jour du Seigneur….
A demain inchallah
Dr Abdoulaye Diop
Toubibadakar