Dans l’apprentissage de la profession de médecin, et cela est valable dans toutes les professions et tous les métiers, il y’a une relation étroite entre l’évolution de la compétence et le degré de conscience que l’on a de cette compétence.
Cette relation conscience-compétence est dynamique et évolue en 4 stades.
Au 1er stade, on est d’abord inconsciemment incompétent!
Ce stade survient lors des 1ères années de médecine où l’on est fier d’embrasser l’une des professions considérées comme étant l’une des plus nobles au monde.
Armé des nouvelles notions savantes acquises en anatomie, physiologie et autres matières fondamentales du premier cycle d’études médicales, le carabin ressent une fierté non feinte de comprendre cet intriguant et complexe appareil qu’est le corps humain!
Ainsi, fort de son savant savoir, il pense déjà à changer le monde ou à gagner son futur prix Nobel de médecine.
Les 1ères sollicitations des amis, des parents pour une prise de la tension artérielle ou les conseils demandés par un voisin devant une céphalée inexpliquée procure à notre jeune médecin un sentiment de compétence fortement surestimé!
Notre carabin arpente ainsi les ruelles de l’hôpital vêtu de sa belle blouse blanche bien repassée avec un joli stéthoscope tout neuf et faisant plus un tourisme hospitalier qu’un vrai stage en soins infirmiers.
Sans une surveillance rigoureuse par un aîné, ce sentiment peut aboutir à la prise de décisions pouvant mettre en danger la vie d’un patient.
Dans d’autres métiers tels, que le menuisier ou le mécanicien, cela se traduirait par un apprenti qui est plein de bonne volonté mais qui, obligatoirement, ferait des bêtises en trop rabotant une chaise ou en grillant un circuit imprimé car ayant inversé la polarité des fils électriques.
Les plus optimistes diraient que « c’est le métier qui rentre » et les plus philosophes que « l’on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs », sauf que, en médecine, nos œufs ont 23 paires de chromosomes et qu’ils mettent 9 mois à être conçus!
Il ne serait donc pas acceptable d’en faire des omelettes!
Le second stade est celui l’on devient consciemment incompétent.
Ce stade arrive en général lorsqu’on est en contact avec des aînés mieux entraînés et que l’ont voit faire des gestes techniques que l’on ne saurait réaliser soit même!
C’est à ce moment que l’on se rend compte qu’il nous reste encore beaucoup á apprendre et qu’il faudrait que l’on se mette sérieusement au travail.
L’exemple type est le sentiment que l’on éprouve le jour de notre 1er passage au bloc opératoire ou en salle d’accouchement!
Ce stade est donc un stade de transition indispensable pour devenir un bon médecin (ou menuisier ou mécanicien).
Si on ne prend pas conscience de son incompétence, on ne peut pas évoluer vers le 3ème stade qui est celui où on devient consciemment compétent.
C’est (censé être) le stade le plus répandu et le plus utile!
Être bon dans le métier que l’on exerce! C’est quand même le minimum indispensable.
A-t-on besoin des services d’un mauvais médecin ou d’un mauvais mécanicien? 🙂
C’est un stade de maturité professionnelle qui survient en général au bout de plusieurs années d’exercice, bien après l’obtention du diplôme.
Quelques-uns, malheureusement n’attendront jamais ce stade.
Pour le dernier stade, seule une poignée d’élus l’atteindront! Un coup de pouce du destin est parfois nécessaire.
C’est le stade où l’on devient inconsciemment compétent.
C’est un don!
Certains, admiratifs, les qualifieront de génie. Ces génies seront eux-mêmes les 1ers à être étonnés du succès de leurs prestations!
D’autres, envieux, les soupçonneront d’avoir conclus un pacte avec une entité maléfique, entité qui, évidemment demandera un sacrifice en retour!
Quoiqu’il en soit, la modestie et l’humilité restent les seuls moyens de perdurer dans cet ultime stade.
L’absence ou la perte de ses 2 qualités conduit inévitablement à une régression vers le 1er stade et l’on redevient inconsciemment incompétent!
A quel stade êtes-vous?
🙂