Acceptée des uns, décriée des autres, encouragée par certains, « haram » pour d’autres, la contraception cristallise les passions pour tous les âges, tous les sexes et quelque soit le niveau social ou intellectuel !
Sans vouloir avoir la prétention d’attribuer le César de la meilleure méthode contraceptive, (même si elle existe et on terminera par elle), voici un petit lexique de débrouillage qui vous aidera à comprendre. Nous essayerons ainsi de répondre au quoi, au pourquoi, au pour qui et surtout au comment de la contraception.
QUOI ?
Qu’est ce que la contraception ? La contraception se définit comme l’ensemble des méthodes, naturelles ou médicamentes, modernes ou traditionnelles, qui permettent, de manière TEMPORAIRE et REVERSIBLE d’empêcher la survenue d’une grossesse.
Il est important de s’attarder sur ces 2 termes mis en majuscule :
- TEMPORAIRE : la contraception ne doit durer qu’un certain temps, temps à définir à l’avance et qui permet, on le verra, de classer certains contraceptifs comme des méthodes de longue durée. On y reviendra dans le détail plus loin.
- C’est le caractère le plus suspecté de la contraception c.à.d. en arrêtant la contraception, la fécondité revient-elle ? si oui quand ? si non, pourquoi ? si, à l’arrêt de la contraception, on n’arrive pas à avoir un bébé, cette contraception sera-t-elle tenue pour responsable ? je réponds d’emblée et justifierai mes propos plus tard : NON, la contraception n’est pas responsable même si elle peut y jouer un rôle.
Cependant, 2 méthodes contraceptives ne présentent pas ces 2 caractéristiques. Il s’agit de la ligature des trompes chez la femme (même s’il est toujours possible mais EXTRÊMEMENT difficile, de ré-aboucher des trompes qui avaient été déjà ligaturées et sectionnées) et de son équivalent chez l’homme : la vasectomie.
Donc, mis à part ces 2 méthodes, toutes les autres doivent répondre obligatoirement à ces critères avant d’obtenir une autorisation de mise sur le marché !
POURQUOI ?
Pour plusieurs raisons qui touchent tous les fondements de la société :
- Sur le plan PERSONNEL d’abord, la contraception permet de contrôler sa fécondité, de planifier et de préparer ses grossesses pour bien les mener à terme. Toutes les femmes le savent, les mamans encore plus pour l’avoir vécu dans leur chair : la grossesse c’est difficile, c’est douloureux, c’est risqué, c’est dangereux, même si, quelque part, c’est un bonheur indispensable pour la plupart des femmes!
Certes une recommandation divine nous demande de nous multiplier et de peupler la terre mais encore faudrait-il y mettre la forme et privilégier LA QUALITÉ DANS LA QUANTITÉ plutôt que la quantité toute seule. Plutôt donc que de se reproduire comme certaines espèces animales (les chats ou les criquets), cette contraception aide à maîtriser le rythme de survenue des grossesses et surtout d’éviter de trop les rapprocher quand on connait le cortège de complications qu’engendre le « NEF » : retomber enceinte rapidement après un accouchement.
- Sur le plan MÉDICAL : la quasi-totalité du corps médical responsable, recommande la contraception, à certaines période de la vie.
Une grossesse, pour rappel, c’est :
- 41 à 42 semaines en moyenne, soit 9 mois, soit 272 jours, soit 6.528 heures, soit 391.680 minutes, (je vous laisse calculer les secondes !)
- 6 – 12 kilos de plus à prendre en moyenne,
- des symptômes non chiffrables, non estimables, non quantifiables que sont les douleurs, les vomissements, les insomnies…. Qui pourrait rembourser à sa maman des souffrances qu’elle a endurée durant ses 9 mois de grossesse, sans compter la difficile période de la petite enfance ? Il y en a qui pousse même le bouchon jusqu’à continuer à embêter leurs parents jusqu’à l’âge adulte!
- un coût : de 50.000 à 2.000.000 ou plus pour les frais médicaux,
- des saignements : 250 millilitre (ml) en moyenne soit ¼ de litre de sang perdu pendant l’accouchement surtout, souvent plus. Lorsque la maman en perd 500 ou plus, il s’agit d’une hémorragie, 1ère cause de mortalité maternelle au monde.
Médicalement, chaque grossesse vieillit le corps de la femme d’environ 5 ans et il faut environ 2 ans pour que la femme retrouve son niveau biologique antérieur après une grossesse.
Comparons une grossesse à un voyage en voiture pour aller à Fongolimbi (le village le plus reculé du Sénégal en partant de Dakar et qui se situe a la frontière sud-est avec le Mali).
Après avoir fait ce périple de plus 900 km en 8 à 15h selon la vitesse et l’endurance de la voiture sans compter l’aspect désastreux des routes et la conduite irresponsables de nombreux chauffards, seriez-vous prêt à reprendre le chemin inverse sur le champ ? Sans prendre le temps vous reposer, de vérifier les niveaux des différents liquides du véhicule ? Voire de faire une petite maintenance de la voiture ? Si vous le faites, il est fort à parier qu’avant d’arriver à Kaolack, vous aurez des ennuis mécaniques ou terminerez votre voyage soit dans une ambulance soit dans un corbillard. Eh bien pour la grossesse, c’est pareil ! Dans toute grossesse contractée par « NEF », vous aurez obligatoirement une complication, aussi minime soit-elle : anémie, avortement, hypertension artérielle, diabète, retard de croissance, dépression et même décès.
Statistiquement, sur les 5 femmes qui décèdent au Sénégal chaque jour en accouchant, 2 au moins ont pris une grossesse qu’elles n’auraient pas du prendre. Cela me permet de passer aux raisons nationales du pourquoi de la contraception….
- Sur le plan NATIONAL…. revenons un peu en arrière, j’espère que vous avez été choqué de lire que 5 mamans meurent chaque jour en accouchant, en donnant la vie ! CINQ ! cela équivaut à 1825 mamans par an !!! C’est quasiment le nombre de personnes disparues dans le naufrage du bateau le Joola !! Sachez donc qu’il ya un Joola rempli de MAMANS qui sombre silencieusement chaque année au Sénégal !!!!!!
En santé public, on estime ce chiffre à 392 mères qui décèdent pour 100.000 naissances vivantes malgré les efforts faits pour atteindre les OMD (objectifs du millénaire pour le développement), OMD que nous avons loupés évidement.
Or la contraception permet justement de réduire ce chiffre du tiers car, comme on l’a dit précédemment, sur les 5 décès maternels journaliers, 2 des mamans n’étaient pas médicalement prêtes pour une grossesse et donc une contraception leur aurait peut-être sauvées la vie. Certes, en tant que croyants, nous acceptons (et Lui rendons grâce) que personne ne peut vivre au delà du temps que le Tout Puissant Maître de l’univers lui à accordé, mais, Dieu nous a donné la science nécessaire pour nous soigner et prolonger notre existence dans la qualité.
La contraception appartient à un trio d’offre de santé appelé la planification familiale et dont les 2 autres sont : la prise en charge de l’infertilité du couple et la lutte contre les infections génitales responsables d’infertilité. Cette même planification familiale appartient à la politique de la santé de la reproduction avec 8 autres offres de services.
- Sur le plan MORAL : les grossesses non désirées sont à l’origine de nombreux cas d’avortements clandestins car l’avortement est illégal dans notre pays sauf lorsque la poursuite de la grossesse risque de tuer la mère. La procédure légale pour faire cette interruption médicale de grossesse est tellement longue que la femme enceinte a le temps parfois de mourir avant que la procédure n’aboutisse. De ce fait, les avortements clandestins sont très nombreux et aboutissent à des complications allant de l’infection à la mort de la patiente lors des manœuvres abortives sans compter les séquelles graves telles que la stérilité. Ces grossesses non désirées se terminent aussi souvent dans la rubrique des faits divers des journaux à cause des infanticides qu’elles poussent à commettre. Combien de femmes croupissent dans nos prisons pour cause d’infanticides alors que le monsieur à l’origine de la grossesse n’est jamais inquiété lui ? Or qui dit avortement clandestin ou infanticide dit grossesse indésirée et donc dit besoin de contraception non satisfait, par ignorance ou par difficulté d’accès à cette contraception. Toujours statistiquement, la contraception réduit du tiers le nombre de grossesse indésirée et donc de cas d’avortement clandestin ou d’infanticides.
Fort de tous ces éléments, nous ne pouvons qu’accepter que la contraception soit absolument justifiée ou tout au moins, sur le plan personnel, humain, médical et national, qu’elle soit nécessaire. Reste donc à débattre sur qu’elle contraception pour quelle femme ou pour quel couple !
Nous y reviendrons dans la 2ème partie de notre mode d’emploi.