En plus de nous occuper de la santé physique de nos patientes, la gestion de leur état psychologique est parfois aussi importante que la prise en charge purement technique d’une quelconque pathologie.
Malheureusement, certains membres de l’entourage des patientes: parents, amis, voisins, collègues, ne nous facilitent pas la tâche en posant des questions ou en faisant des commentaires plus ravageurs qu’un méchant microbe même si l’intention de départ n’était pas toujours mauvaise.
Il nous arrive de recevoir des patientes dans d’un état moral et psychologique désastreux à cause d’un manque de tact et de délicatesse de l’entourage.
Le cas particulier des femmes ou devrais-je dire du couple, n’ayant pas d’enfant est particulièrement sensible et donc des questions du genre : «alors, vous n’avez pas encore d’enfant?» ou «qu’attendez-vous pour faire vos enfant ? » sont des questions très indélicates, peu diplomatiques, peu constructives et parfois dévastatrices.
Traditionnellement, ce sont certaines belles-mères qui avaient l’habitude de mettre la pression (à tort) sur leur belle-fille pour avoir rapidement un petit-fils ou une petite-fille.
Cette tendance a beaucoup diminué car il est maintenant connu de (presque) tous, que s’il n’y pas d’enfant dans un couple, le problème ne vient pas obligatoirement de la femme et que le mari (son fils) a sa (grande) part de responsabilité.
Donc, certaines questions ou commentaires ne sont vraiment pas à faire déjà pour plusieurs raisons:
1. Un enfant ne fait pas parti du contrat social du mariage et c’est encore moins une obligation pour la femme, surtout que le mari a sa part de responsabilité, de donner un enfant à sa belle-famille.
2. Un couple peut faire le choix, de ne pas avoir d’enfant, de manière temporaire ou définitive sans que l’entourage n’ait son mot à dire.
3. Un couple peut avoir des difficultés à avoir des enfants dans le cadre d’une infertilité qui, rappelons-le, touche l’homme dans 33% des cas, la femme dans 33% des cas et les deux en même temps dans 33% des cas: cela signifie en clair que les causes d’infertilité sont réparties de manière équilibrée dans le couple! 50/50. De ce fait, mettre la présumée infertilité comme venant de la femme est une injustice sociale totale.
4. Souvent, les cas d’infertilité cachent des drames douloureux silencieux: avortement à répétions, curetages douleurs, traitement chirurgicaux lourds, troubles de l’érection ou de l’éjaculation, cohabitation irrégulière avec le conjoint, déséquilibre hormonal masculin ou féminin etc. De ce fait, poser certaines questions c’est raviver des plaies psychologiques peu ou pas cicatrisées.
5. Quand l’infertilité vient de l’homme, son épouse fait toujours preuve de discrétion et de “soutoura” pour son conjoint alors que, malheureusement, certains hommes, pas tous heureusement, n’hésitent pas à jeter en pâture leur femme à la vindicte de sa belle famille ou à dire à qui veut l’entendre, que le problème ne vient pas de lui (à prouver!).
6. Ces questions ne sont posées qu’aux femmes et donc pourquoi ne pas les poser aux hommes aussi? Regardez les statistiques plus haut: 33/33/33 %.
7. Et enfin il faut respecter la vie privée de tout un chacun car la fertilité est l’un des domaines les plus privées qui puisse être.
Alors, svp, messieurs dames, merci d’avoir lu ce post avec bienveillance, sinon avec indulgence et surtout, montrez un peu plus de tact et de délicatesse sur certains sujets.
Merci!
Dr Abdoulaye Diop
Toubibadakar
Crédit photo: http://citation-celebre.leparisien.fr/citations/18004
Merci pour les mots d’encouragement ??? moi à chaque fois que je voie mes règles je suis effondrée