Infertilité, PMA, don d’ovocytes, RO, don de sperme, GPA….. : ne confondons pas mouton et bouton!

Nous savons tous que l’Afrique est le continent où le taux de fécondité des femmes est le plus élevé au monde! Ce qui est moins évident est de savoir que malgré cette fertilité africaine élevée, il existe beaucoup de couples qui malheureusement n’ont pas d’enfants.

Nous savons aussi que, culturellement, ne pas pouvoir avoir d’enfant pour un couple en Afrique est souvent très mal vécu, surtout par la femme sur laquelle, souvent et à tort, la responsabilité de l’infertilité est rejetée.

Heureusement, les progrès de la médecine ont permit de donner de l’espoir à des milliers de couples qui ont des difficultés à avoir un enfant.

Revenons d’abord sur quelques définitions:

⁃ Infertilité : le fait pour un COUPLE, de ne pouvoir avoir d’enfant après six mois à un an de rapports sexuels réguliers sans contraception.

⁃ PMA: procréation médicalement assistée: ensembles de techniques médicales modernes permettant d’obtenir une grossesse lorsqu’un couple a des difficultés pour en obtenir de manière naturelle. Trois méthodes s’y retrouvent:

⁃ l’insémination intra-utérine (injecter le sperme dans l’utérus après stimulation des ovaires et déclenchement de l’ovulation,

⁃ FIV: c’est la plus connue: le sperme est recueilli, traité et mis en contact avec un ovule au préalable prélevé après stimulation des ovaires; l’œuf fécondé au bout de quelques jours est ensuite transféré dans l’utérus de la femme pour que la grossesse puisse évoluer normalement.

⁃ ICSI: c’est la forme la plus sophistiquée de PMA: un spermatozoïde est introduit par « force » dans un ovule et l’œuf obtenu est aussi transféré dans l’utérus de la femme.

⁃ La PMA est acceptée par certaines religions, comme la religion musulmane à condition qu’elle soit réalisée au sein d’un couple légitime. Quid de la religion chrétienne et juive ?!?

⁃ RO : réserve ovarienne: quantité partiellement mesurable de follicules (œufs) disponibles dans l’ovaire et constituant un paramètre d’évaluation du taux de succès d’une PMA, plus ce taux est faible plus les chances de réussite sont faibles! Il existe une réserve ovarienne non mesurable et qui explique la survenue spontanée de grossesses chez des femmes chez qui les chances étaient jugées trop faibles.

⁃ Don d’ovocytes: le fait d’offrir des follicules à une femme dont la réserve ovarienne a été jugée trop faible pour lui permettre d’avoir des chances de succès lors d’une PMA : le don d’ovocyte n’est pas autorisé dans notre pays,

⁃ don de sperme: le fait d’offrir des spermatozoïdes à utiliser dans le cadre d’une PMA lorsque le conjoint n’a pas de spermatozoïdes ou s’ils sont très altérés; le don de sperme n’est non plus pas autorisé dans notre pays par loi.

⁃ GPA: c’est lorsque l’œuf obtenue pas PMA est transférée d’ans l’utérus d’une autre femme (appelée mère porteuse) pour poursuivre la grossesse car l’utérus de la femme ne peut pas le faire. Cette technique est interdite aussi dans notre pays et dans beaucoup d’autres.

Le but la la PMA est simplement d’aider des couples infertiles à avoir une chance d’avoir un enfant.

Dans notre pays, la PMA existe depuis plus de 30 ans!!! Elle est réalisée par une poignée de médecins avec des taux de succès variables d’un medecin à l’autre.

La chose commune à cette PMA sénégalaise, c’est qu’elle est réalisée quasi exclusivement dans le secteur privé et donc, seuls ceux qui ont les moyens financiers peuvent y accéder.

Il existe depuis plusieurs année un projet de mise en place d’un centre de PMA dans un hôpital public de la capitale pour permettre à certaines populations aux revenus limités d’avoir une chance d’accéder à la PMA dans le respect des garde-fous érigés par la loi de notre pays.

Est-il normal que seuls les couples ayant les moyens financiers puissent d’avoir une chance d’avoir des enfants et que les « pauvres » ou ceux aux moyens limités en soient automatiquement écartés ? Cela ne constituerait-il pas une seconde injustice sociale ?

Il est certes évident que nous avons d’autres priorités médicales, sanitaires et sociales surtout dans ce contexte de pandémie mondiale et qu’un centre de PMA de plusieurs milliards n’est vraiment pas la priorité absolue.

De la même manière, beaucoup de projets gouvernementaux ont été, à mon humble avis, des erreurs stratégiques depuis des décennies : monument culturels pharaoniques, Moyens de transports energivores futuristes et biens d’autres projets faramineux, coûteux et surtout qui ne sont vraiment pas prioritaires pour le pays sous-développé que nous sommes!

Il faudrait cependant éviter de faire de l’amalgame et de confondre mouton et bouton en rejetant l’idée d’un centre de PMA public sous les faux arguments de soit-disants complots ourdis par des groupes ou corporations prônant l’homosexualité ou le lesbianisme!

Il n’en est absolument rien et cette théorie du complot n’existe que dans la tête et l’esprit limité de ceux qui la dénonce!

Toutes les patientes, quelque soit leur situation sociale ou économique doivent pouvoir avoir accès à une médecine de qualité leur permettant de prendre en charge leurs préoccupations des plus grégaires aux plus vitales!

Revoyons donc tous ensembles nos priorités et laissons ces discussions stériles de cour de recréations pour se consacrer à l’essentiel.

A bon entendeur ….

Dr abdoulaye Diop

Gynécologue-obstétricien

Spécialité en Échographie, Infertilité et PMA (procréation médicalement assistée)

Diplômé de UCAD et Paris V- Descartes

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